Rien ne vaut le regard méfiant d'une amie [pv Saphyr]

étonnant. Ce mot résonnerait à jamais dans ma tête. Cela faisait trente ans que j'étais morte, des suites d'une malheureuse expérience en potions en compagnie de mon mari, et me revoilà en dehors de cieux, sur terre. Cette année 2085 semblait être prometteuse aux nouvelles expériences, il ne fallait certainement pas douter sur ce point. Beaucoup de mes camarades Anges m'avaient accompagnée dans ce long et fastueux périple et les réactions et opinions divergeaient. « Par la barbe de Merlin, dans quel merdier ce foutu Dieu nous a-t-il encore fourrés ? Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que tout cela va mal finir, un simple pressentiment. », ou bien « Je ne sais pas trop ce que j'en pense à vrai dire. Je dois avouer que la décision de notre régisseur me laisse pantois quant à ses réelles motivations pour nous renvoyer à notre état mortel. » ou encore « Cette année promet d'être intéressante... A condition toutefois d'aimer être un humain, après avoir goûté au paradis. » Tant d'opinions qui résonnaient dans ma tête, tellement que je ne pus me faire ma propre opinion sur le sujet. Tant de choses m'influençaient, et il m'était difficile de m'arrêter sur une seule et même décision. Beaucoup d'Anges comprenaient mon indécision vis à vis de ce sujet particulièrement houleux, qui serait un jour, mis sur la table, une bonne fois pour toute. Tentant d'évacuer ces pensées de mon esprit, et bien que je n'y arrive singulièrement pas, je décidai de m'éclipser de la Salle Commune, où j'étais assise confortablement devant la cheminée, regardant les braises voleter et les bûches rougeoyer, tandis le la lumière de l'aube voyait péniblement le jour.

le soleil daignait silencieusement de pointer le bout de son nez, lorsque je descendais les escaliers de pierre pour se rendre dans la Grande Salle. Cette dernière était déjà bondée, ce qui n’améliora pas mon humeur. En moins d’une seconde je repérai Shakespeare, installé à la table opposée à celle des Gryffondor. Je lui offris un mince sourire, dévoilant mes dents parfaites. Mes pas prirent contact avec le sol de la vaste pièce, les regards se tournent vers moi, ma splendeur étant digne d‘une divinité. Mon uniforme noir était impeccable, tout comme ma cravate rouge et or et ma chemise blanche. Ma peau sans défaut mettait en valeur ses yeux dont la teinte ressemblait à des diamants, qui eux soulignaient une mèche de cheveux châtain qui se baladait devant mon front. Pour ne pas éveiller les soupçons, je décidait d'adopter une moue distraite en avalant un maigre petit-déjeuner certes, mais un petit-déjeuner quand même. Depuis que j'étais revenue sur cette Terre en ébullition, la vie humaine faisait pâle figure face à la vie qui nous avait été offerte dans l'au-delà. Notre propre Directeur, le Dieu de l'Olympe, faisait tout pour que ses protégés soient au maximum de leur confort, ce qui était totalement le contraire du Directeur de Poudlard. Tant de différence entre eux, et pourtant ... Et pourtant, j'étais ici pour une seule et même raison, obéir au "maître". Je n'avais pas vraiment eu le choix mais bon, j'étais tout de même ici, et je devais faire avec.

une fois le petit déjeuner pris et avalé, je me levai sans un bruit, dans une discrétion absolue, et me faufilai en dehors de la Grande Salle. De mes yeux couleur diamant, je vis un élève entrer en trombe dans la grande salle. Manquant de me bousculer, je dus faire un écart à droite, pour le laisser pénétrer énergiquement - et encore, ce n'était qu'un euphémisme - dans la Grande Salle, où il serait heureux de pouvoir se remplir l'estomac de croissants ou même de porridge. Beurk. Rien que cette pensée m'écœura. « Il t'en faut beaucoup pour t'écœurer, tendre Saphyr. » Ce ton malsain et sarcastique me déplût, et pas qu'un peu. « Et alors, sale vipère ? Je n'aime pas le porridge, et je n'ai jamais aimé. Point barre. » pensais-je fermement, refermant ainsi la discussion, bien que je ne sache pas d'où provenait la voix de cet Ange. Étrange sensation que de pouvoir entendre les pensées des autres, et de pénétrer ainsi dans leur intimité. En fait, je m'en fichais royalement. Cela m'était égal. Je n'étais pas du genre curieuse, à moins que la personne ne veuille réellement me confier quelque chose.

mes pas glissaient silencieusement sur l'asphalte du Hall d'Entrée, et je me dirigeai vers les escaliers dans l'intention de récupérer mes affaires de classe dans mon dortoir. Lançant un dernier regard à mon époux, toujours assis à la table de sa maison, je reconnus de dos une personne qui m'était familière. Amber. Il ne m'en fallut peu pour la reconnaître, bien que je ne lui fis pas face. Sa silhouette et sa démarche étaient singulières, je les aurais reconnues entre mille, tant j'avais fréquenté la Poufsouffle du temps où nous étions mortes. D'un pas léger, je m'approchais d'elle et avant qu'elle n'eût atteint l'entrée de la Grande Salle, je posai une main délicate sur son épaule, et soudainement ses pensées résonnèrent comme dans un caveau. « Espèce d'idiot, qu'est-ce que tu me veux, encore ? Sache que je n'ai pas toute ma patience avec moi, elle est restée dans la Salle Commune de Poufsouffle. »

SAPHYR ; EH BIEN AMBER, DEPUIS QUAND TE MÉFIES TU AUTANT DE CEUX QUI T’ENTOURENT ? JE NE TE SAVAIS POINT COMME CELA, AVANT.

c'était avec une voix veloutée que j'avais répondu à la pensée de mon amie, si toutefois je peux encore l'appeler ainsi car... Je ne sais pas en fait, je n'arrive pas à déchiffrer ce qui traverse son esprit, c'est tellement compliqué et ambigu à la fois. En tout cas, je pouvais deviner qu'elle n'était pas particulièrement heureuse de se retrouver ici, c'était peut-être cela qui avait causé son changement brutal de caractère. Un fossé se creusait entre mes sourcils, tandis que j'essayais de comprendre mon amie.